Retrouvez l’interview de notre CEO, Adina Grigoriu, dans l’épisode #36 du Finscale Podcast animé par Solenne Niedercorn autour du sujet de la gestion des risques dans un portefeuille.

Si vous ne pouvez ou ne voulez pas écouter le podcast, nous vous proposons ci-après sa transcription écrite.

Bonne lecture !

Solenne Niedercorn : Cette semaine, Adina nous décrit les différentes solutions d’investissement que la société a conçu pour ses clients institutionnels, des fonds de pension aux gestionnaires d’actifs, en passant par les assureurs. Adina revient sur son passé d’actuaire et nous explique ce qui l’a conduit à développer des modèles d’allocation d’actifs basés sur la gestion des risques. Nous ne rentrerons pas trop dans le détail mais vous comprendrez certainement mieux ce qu’est la gestion de perte maximale, ce qu’on appelle le « max drawdown » et le contrôle du ratio de couverture. Le business de cette société s’est développé dans le B2B et s’ouvre depuis 2 ans vers des modèles en B2B2C. Nous étudions notamment le cas des assureurs souhaitant faire sortir les investisseurs des fonds euros vers les unités de compte et la manière dont AAA supporte ces initiatives. Nous abordons également les clients, un cas pratique, et les investisseurs de cette société qui met la recherche au centre de ses innovations. C’est un épisode fait pour les investisseurs avisés, les gérants d’actifs, c’est une matière un peu technique mais qui se rend totalement accessible. Bonne écoute à tous !

Bonjour à tous, bonjour Adina !

Adina Grigoriu : Bonjour Solenne !

SN : Merci beaucoup pour ta disponibilité, je sais que tu sors d’une grosse réunion investisseurs donc c’est sympa de nous accorder un petit peu de ton temps. Est-ce que tu peux s’il te plait te présenter, et il y a deux éléments que j’aimerais que tu nous expliques dans ton parcours : le 1er c’est pourquoi as-tu quitté le monde institutionnel pour devenir entrepreneure et le 2ème c’est que tu nous expliques ce que fait un Actuaire, parce que je pense qu’il y a pas mal de personnes qui ne savent pas ce que fait concrètement un actuaire. S’il te plait !

AG : D’abord je suis vraiment ravie d’être avec vous aujourd’hui. Donc effectivement je suis Actuaire, et un Actuaire est un spécialiste de la gestion des risques dans l’incertain. Ceci étant dit, j’ai commencé ma carrière en tant que trader dans une salle de marché où je ne suis pas restée très longtemps, à peine 2 ans. Après j’ai évolué vers la gestion d’actifs, j’ai rejoint BNP Paribas AM, et c’est là que je me suis découvert une espèce de passion pour l’allocation d’actifs et l’algorithmie en général. Je dois dire que c’était une belle époque de ma vie professionnelle, parce que j’ai fait vraiment beaucoup de choses en allant de la création de la gamme retraite de BNPP jusqu’à la création par exemple d’un algorithme, un modèle d’allocation sur les marchés émergents qui a eu beaucoup de succès. C’est également là que j’ai découvert le monde des fonds de pension et que j’ai fait mes premières allocations Actif/Passif. Ensuite j’ai eu l’opportunité de rejoindre un centre de recherche en finance dans le sud de la France, l’EDHEC Risk Institute où je me suis là encore beaucoup amusée, et surtout j’ai fait pas mal de recherche sur ce qui se faisait de mieux en finance. Et à un moment donné, j’ai eu envie de prendre ma vie en main, d’avoir plus de flexibilité et surtout beaucoup plus d’impact, et c’est ce qui m’a menée tout naturellement vers l’entrepreneuriat. 

SN : D’accord parfait. Et donc je crois que tu as un associé, vous êtes partis tous les deux dans cette nouvelle aventure ? L’idée au tout départ, tu parlais d’allocation d’actifs, mais concrètement quelle était votre idée quand vous avez commencé votre aventure entrepreneuriale, quand vous avez lancé votre startup, et à quels clients vous proposiez votre idée ? 

AG : En fait les 10 ans que je venais de passer dans la Finance, à regarder d’assez près ce qui se faisait, notamment en matière d’allocation d’actifs, m’ont permis d’arriver à la conclusion qu’il y avait un vide à combler autour de la gestion des objectifs et des risques pour les investisseurs institutionnels. Donc on est vraiment partis sur cette idée de création d’algorithmes d’investissement sur mesure, pour des institutionnels, avec une approche de gestion des risques et en particulier la gestion de la perte maximale en capital, le maximum drawdown. 

SN : Les mesures du risque que moi je connais pour avoir gérer des avoirs dans le cadre de la banque privée c’était plutôt tout ce qui est volatilité, value at risk, quelle est la valeur ajoutée du max drawdown par rapport à ces mesures du risque ?

AG : En fait les gens pensent souvent que gérer la volatilité c’est gérer le risque mais en fait on peut perdre beaucoup d’argent avec très peu de volatilité donc ce n‘est pas suffisant. Ce que la notion de max drawdown, de perte maximale apporte en plus c’est la prise en compte du chemin suivi. Donc le max drawdown c’est vraiment la perte qu’on a subie sur ces investissements, du plus haut jamais atteint au plus bas.

SN : D’accord. Et donc le max drawdown (quand j’en avais entendu parler ce n’était pas une mesure de risque exploitée à cette époque-là par les asset managers).

AG : Ça ne l’était pas du tout. On commence à peine à voir les premiers appels d’offres dans lesquels la mesure de risque définie est le max drawdown. 

SN : Donc vous êtes partis de ce besoin à combler, et vous avez déterminé une première allocation d’actifs. Ça se représente, qu’on se représente ça, parce que je pense que pour certains auditeurs c’est encore un peu nébuleux … Peux-tu nous dire un peu à quoi ça ressemble, c’est à dire est-ce que tu vas avoir des lignes d’indices avec des pondérations ? De manière très pragmatique, à quoi ça ressemble ? 

AG : Oui une allocation d’actifs c’est vraiment des lignes d’indices effectivement dans lesquelles on souhaite investir. Et comment est-ce qu’on y arrive ? Pour notre part, on fait tout un travail qui est basé sur la gestion des risques, donc on va mélanger trois manières différentes de gérer les risques qui sont la diversification, l’assurance de portefeuille et la couverture. Et cela nous permet de créer une structure dynamique qui va nous permettre de faire évoluer les poids entre ces différents indices dans le temps pour tenir compte à la fois des conditions de marché mais aussi de la manière dont l’investisseur s’approche ou s’éloigne de son objectif.  

SN : Alors du coup cette allocation n’est pas statique, vous faites régulièrement des rebalancements j’imagine. Qui a été le premier client qui a signé avec vous ?

AG : Alors le tout premier client c’était une société de gestion en Allemagne, et le premier client en France a été la Fondation de la MAIF que nous avons gagné par appel d’offre avec AG2R La Mondiale comme gérant. 

SN : Donc vous remportez cet appel d’offre, vous déterminez pour ces tous nouveaux clients ces allocations d’actifs, ces modèles, après vous faites des rebalancements… Comment vos solutions ont-elles évoluées au cours du temps et est-ce que tu peux en nous décrivant cela nous expliquer également la typologie de clients que vous avez servis au travers de ces modèles ? 

AG : Commençons par l’évolution de nos solutions dans le temps. Nous faisons un suivi journalier des risques bien entendu, et un rebalancement mensuel des portefeuilles. Et au fur et à mesure du temps, le modèle n’a pas tant évolué en tant que tel, nous avons rajouté plus de classes d’actifs, plus de régions, plus de monnaies. On a étendu le modèle à la présence d’un passif, c’est à dire que là où on avait commencé par gérer le drawdown de l’actif, on a étendu ça à la gestion du drawdown du ratio de couverture Actif/Passif, donc ça c’est pour les fonds de pension. On a également développé un indice qu’on appelle la GRI qui est un indice avancé de stress sur le marché actions pour essayer d’éviter les krachs. 

SN : Attends là on va faire un slow down, tu vas nous expliquer concrètement ce que cela signifie (Rires) Reprends s’il te plait…

AG : Alors tout ce que je vous ai expliqué avant est un modèle basé sur les risques donc on fait pleins de scenarii d’évolution des marchés pour chaque classe d’actifs et puis on vérifie le comportement du modèle à tout moment. Ça c’est vraiment une vision risque qui est dé-corrélée finalement de la réalité des marchés, ce qui se passe pour les traders, s’il y a une crise en cours etc. C’est vraiment une version statistique des choses et il nous manquait ce lien avec la réalité des marchés donc nous avons développé cet indicateur de stress sur le marché des actions et là on utilise d’autres types d’indicateurs qui viennent plus du marché. On va regarder la structure de la volatilité, est ce que les actions traitent à la hausse ou à la baisse, quel est le consensus, etc. Cela nous permet de dire à un moment donné qu’il faut sortir du marché parce que le risque d’un krach est trop important. 

SN : Donc vous avez déployé ces modèles sur mesure, il n’y a pas de modèle standard pour vos clients, c’est de la haute couture en termes d’allocation d’actifs. Comment s’est élargie votre typologie de clients ? Peux-tu nous donner un aperçu du type de clients qui utilisent vos solutions ? 

AG : Aujourd’hui on a une grosse activité avec les assureurs, notamment pour des offres de gestion pilotées en assurance vie. Là on travaille avec Allianz, Generali, Suravenir, Spirica, AFI ESCA, One Life au Luxembourg. Ensuite on a tout un pan de clients institutionnels comme par exemple la Caisse de Retraite des Médecins, l’Acoss que l’on vient de gagner par appel d’offre. Nous travaillons même avec des FinTechs, par exemple Advize à qui nous fournissons un modèle d’allocation d’actifs pour sa gestion pilotée ; et puis des fonds de pensions aux États-Unis et Pays Bas. Un panel de clients assez large. 

SN : Pour terminer sur ces modèles, est-ce que vos clients depuis ces dernières années (j’imagine que oui) ont eu des envies d’aller vers des placements conformes ESG ? Et du coup qu’avez-vous déployé pour répondre à ces besoins ? 

AG : Complètement. Et d’ailleurs l’ESG est en train de devenir assez important comme demande. Ça fait 10 ans que l’on utilise des sous-jacents ESG notamment avec la Fondation de la MAIF par exemple. Là c’est vraiment une question de choix du sous-jacents. Donc si le client me dit qu’il veut travailler avec des sous-jacents ESG, je vais travailler avec des sous-jacents ESG. Et dans le temps on ne voit pas vraiment de différence, si ce n’est une différence positive dans l’inclusion de l’ESG par rapport à un investissement dans lequel on ne prend pas en compte les critères environnementaux, sociétaux et de gouvernance. 

SN : Quand on avait préparé cet entretien il y avait deux cas de figure dont tu m’avais parlé, je voudrais juste que tu nous en dises un mot. C’était l’accompagnement que vous aviez fait pour un certain nombre de compagnies d’assureurs qui voulaient transférer des actifs qui étaient dans des fonds en euros vers des unités de compte, donc savoir ce que vous aviez mis en place pour les accompagner dans ces transferts d’actifs. Et puis un autre point dont tu m’avais parlé c’était le modèle en B2B2C d’allocation d’actifs stratégique que vous aviez défini. Peux-tu nous expliquer sur ces deux cas de figure ce que vous avez mis en place ?

AG : Oui bien sûr. Alors l’assureur auquel tu fais référence est aussi notre investisseur, il s’agit de MAIF. Nous avons mis plusieurs choses en place avec MAIF. Nous conseillons un fonds géré par Amundi, d’une part. Ensuite nous avons fait tout un travail sur le côté digital, nous avons mis à disposition de tous les conseillers MAIF (nous parlons d’à peu près 1 400 conseillers) nos outils digitaux d’aide à la vente. Donc là il s’agit de simulateurs qui permettent aux conseillers de mettre le client en situation, de lui montrer comment son épargne va évoluer, quelles sont les chances d’atteindre l’objectif qu’il peut avoir selon l’investissement qu’il va faire, etc. Et là on est en train de mettre en place des gestions pilotées, toujours pour MAIF, qui vont permettre ce passage en douceur de la gestion fonds en euros vers de la prise de risque limitée. 

SN : D’accord. Et le modèle B2B2C ?

AG : Alors cela rejoint le modèle B2B2C. C’est-à-dire que les gestions pilotées que nous avons développées avec des assureurs c’est vraiment du B2B2BC. Nous avons donc à la fois travaillé sur les offres financières, nous faisons les rebalancements régulièrement, nous croisons également la sélection des UC bien entendu de manière quantitative parce que c’est notre approche. Et puis encore une fois ça s’accompagne des outils digitaux d’aide à la vente, disponibles sous un format API pour les distributeurs.

SN : On a parlé pas mal de clients institutionnels, d’assurances. Dans les clients que vous avez que tu n’as pas cité il y a ACER Finance, pourrais-tu nous dire exactement ce sur quoi vous avez travaillé avec eux ? Ça intéressera surement les auditeurs. 

AG : Oui alors on a ce partenariat avec ACER Finance dont je n’ai pas parlé. C’est un partenariat puisqu’en fait ACER a créé un fonds qui est estampillé AAA. Donc qui utilise notre modèle et qui l’applique de la manière la plus pure possible, bien sûr en faisant tout le travail de gérant de fonds qui est le sien. L’idée est d’appliquer le modèle AAA avec des ETF de manière la plus pure possible en gérant le budget de risque. C’est un fonds qui est vraiment destiné aux institutions et qui a par exemple été déjà listé chez plusieurs assureurs et qui fait partie notamment d’un PER. 

SN : Un autre élément dont tu m’avais parlé était cette allocation stratégique, tu m’expliquais que tu étais un peu réticente sur cette allocation d’actifs stratégique. Qu’est ce qui t’a fait changer d’avis ? Est-ce parce que cela répondait à un besoin client ou est-ce parce qu’en définitive ta philosophie a changé entre temps ?

AG : Effectivement l’allocation stratégique c’est quelque chose que tous les institutionnels utilisent, c’est une allocation fixe qui ne bouge pas dans le temps qu’ils définissent pour une certaine durée et je trouve qu’elle est très dépendante des hypothèses que l’on fait. Historiquement l’allocation stratégique s’étudiait à 5-10 ans. Donc si on se trompe sur les hypothèses au démarrage, à la fin on se retrouve avec un mauvais résultat et pas de moyen de rattraper les choses. La gestion dynamique permet d’être plus humble face aux hypothèses et de partir du principe que l’on va se tromper et on va ajuster le tir au fur et à mesure notamment pour tenir en compte le chemin parcouru, donc si l’on a trop perdu, etc. Par contre c’est un vrai besoin et nous avons décidé de répondre à ce besoin de définition de l’allocation stratégique, et donc on y répond avec les mêmes outils que pour construire l’allocation dynamique, c’est à dire des simulations stochastiques, donc des milliers de scenarios que l’on prend en compte pour chaque classes d’actifs qui sont corrélés dynamiquement donc on prend en compte le fait qu’à un moment donné tout va pouvoir baisser en même temps, c’est très important quand on fait un gestion par les risques. Donc on va permettre à des institutions de construire via notre outil digital leur allocation stratégique la meilleure pour arriver à leurs objectifs. Nous avons aussi décliné ça dans une offre B2B2C donc nous avons fait des simulateurs qui sont à disposition des conseillers ou de leurs clients, en gestion libre par exemple, pour créer la meilleure allocation à partir d’un univers qui peut être aussi grand que 2 000 fonds par exemple si on prend Generali et leur offre Himalia. 

SN : Très intéressant. Tu m’expliquais aussi que vous aviez mis en place une plateforme en ligne avec un certain nombre d’API à disposition, que permet-elle de faire ? 

AG : La plateforme permet de faire toute cette partie simulation de l’épargne, de la construction de portefeuille et son suivi, du reporting et notamment reporting financier sur les contrats d’assurance vie qui est assez loin de ce qui se fait aujourd’hui chez la plupart des assureurs, ce qui permet vraiment au client de comprendre la performance des sous-jacents mais aussi comment sn investissement évolue par rapport à ses objectifs ; et il y a toute une partie conformité à laquelle elle permet de répondre puisque l’on a un calcul des frais en temps réel, un calcul du SRRI, donc du niveau de risque du portefeuille pour s’assurer à tout moment que le niveau de risque du portefeuille du client est en ligne avec son niveau de risque acceptable.

SN : Merci pour ces éléments de clarification. Un point qui m’intéressait de comprendre était comment d’un point de vue staffing vous développez ces solutions-là ? Est-ce que vous avez des chercheurs ? J’ai cru comprendre que vous aviez quand même un haut niveau de technicité dans les équipes, pourrais-tu nous présenter la boite et qui la compose et comment vous mettez en place ces différents chantiers de recherche ? 

AG : L’équipe fait aujourd’hui une quinzaine de personnes. Donc il y a les deux cofondateurs, puis on a une équipe de recherche quantitative dans laquelle il y a par exemple un docteur en IA, une équipe digitale qui va gérer toute la plateforme avec pas mal d’interactions entre les deux puisqu’aujourd’hui les API sont développées essentiellement par notre équipe de recherche et bien sûr finalisées par l’équipe digitale. Et puis ensuite une équipe commerciale qui est ente Paris et Luxembourg, un responsable des solutions clients, une personne au marketing, puis la partie trésorerie et RH. 

SN : Ça c’est très important parce qu’en effet tous les éléments que tu as cité au préalable ont nécessités pas mal de recherche et le fait que tu sois de la spin-off de l’EDHEC a certainement beaucoup d’influence dans votre société. Au niveau de la boite vous avez fait je crois une levée il n’y a pas si longtemps que ça. Peux-tu nous expliquer comment vous avez gérer la croissance ? 

AG : Pendant très longtemps on est restés sur une croissance organique et quand on a commencé à être vraiment sérieux à propos du digital et de l’IA on a eu besoin de capitaux. Donc nous avons fait cette levée il y a presque deux ans auprès d’institutions en grande partie et auprès de quelques individus. Aujourd’hui nous avons au capital la Région Sud, Allianz au travers de son fonds Innov’Allianz et MAIF au travers de son fonds MAIF Avenir, puis quelques-uns de nos collaborateurs et d’autres personnes qui sont dans le milieu. 

SN : Et quel a été le montant de la levée ? 

AG : 4 millions.

SN : Ok donc ça vous a permis de faire grandir les équipes, d’aller vous installer au Luxembourg. Et un des points que je traite toujours, tu nous en dis un mot si tu le souhaites, c’est votre statut de conseiller en investissement financier. Êtes-vous obligés d’avoir cet agrément ou est-ce un gage de confiance vis à vis de vos clients puisqu’on n’est pas du tout dans un modèle de sous-traitance. Peux-tu nous expliquer ce volet-là ? 

AG : Dans les activités d’allocataire B2B nous n’aurions pas besoin d’un statut particulier mais effectivement pour aller dans le B2B2C pour les gestions pilotées justement, le statut de CIF est indispensable. Maintenant c’est aussi une question de responsabilité qui apparaît d’ailleurs quand on parle d’un robo-advisor. C’est évident que si les choses tournaient mal, c’est la société d’assurance qui va plutôt porter le risque et indemniser les clients car le montant de ses fonds propres n’a rien à voir avec celui d’un robo-advisor par exemple. 

SN : Si on a des assureurs ou des asset managers qui nous écoutent (et je pense qu’on en a) et qui sont intéressés par vos solutions, de quoi avez-vous besoin pour construire ces modèles, que demandez-vous à vos clients au préalable pour les construire, quelles sont les contraintes que vous avez ? Peux-tu nous décrire ça ? 

AG : Oui alors c’est assez simple de travailler avec nous ! Pour tout ce qui est modèle, on va juste avoir besoin des classes d’actifs dans lequel l’investisseur souhaite investir, éventuellement de son univers de fonds s’il en a un. On va prendre en compte ses objectifs, ses contraintes de risque, et les contraintes qu’il peut avoir sur par exemple le min et le max investi sur une classe d’actifs, sur le turnover du portefeuille. On a aussi besoin de savoir quels sont ses frais de gestion ou ses frais de transaction pour pouvoir les prendre en compte, c’est important dans un modèle dynamique pour s’assurer qu’on ne détruit pas la performance en faisant tourner les actifs. Et c’est à peu près tout. Ensuite on fait notre travail et assez vite on présente le modèle et ses résultats à l’investisseur. 

SN : Et est-ce que tu constates, puisque vous travaillez sur différents continents, des pratiques très divergentes d’un continent à l’autre ou d’une région à l’autre en Europe ? 

AG : c’est difficile à dire, car c’est un sujet trop vaste on va dire. Effectivement il y a des pratiques différentes, notamment pour les fonds de pension, mais c’est un sujet très complexe.

SN : C’est intéressant d’ailleurs car tu parlais des fonds de pension et clients que vous aviez aux EU, comment vous avez été amenés à être mis en relation avec ces clients-là ? 

AG : Par hasard (rires) ! C’est une rencontre autour de petits fours à Monaco…

SN : Excellent ! Adina, on approche doucement de la fin, j’aurais aimé avant qu’on se quitte que tu nous donnes un petit peu de clarté sur vos objectifs à moyen terme et là où vous vous projetez avec la boite en termes d’évolution produit et éventuellement aller vers d’autres types de clients.

AG : Ce qui est sûr c’est que le digital va prendre une place de plus en plus importante dans notre développement, et notamment les API, on va continuer à faire de la recherche sur l’IA, c’est in dispensable aujourd’hui. On va continuer à aller vers l’international justement les PAI vont nous aider là-dessus. Et puis on est vraiment dans le développement de partenariats, avec de gros acteurs par exemple Microsoft, mais aussi des partenaires comme KPMG par exemple ou ce genre de partenariats, qui sont très présents dans la transformation digitale. 

SN : Donc principalement sur la zone Europe ? Donc France, Benelux, etc.

AG : Pour commencer. Mais nous sommes allés à Singapour par exemple et nous avons trouvé beaucoup de traction pour nos offres.

SN : D’accord, parfait ! Bon Adina, malheureusement on arrive tout doucement à la fin, comme tu le sais (parce que je sais que tu as déjà écouté mon podcast), est ce que tu as un livre à nous recommander avant que l’on se quitte ? 

AG : Alors oui je vais vous recommander non pas un livre mais un auteur, pas dans la finance parce que c’est assez facile de trouver (rires). Moi j’aime beaucoup Michael Crichton qui est donc un grand auteur de science-fiction mais qui est assez proche de la réalité des choses et des avancées technologiques donc j’aime beaucoup. 

SN : Jurassic Park, c’est ça ? (Rires)

AG : Par exemple ! (Rires)

SN : Il en a écrit des dizaines ! Tu voulais ajouter un mot pour clôturer cet épisode Adina ? 

AG : Oui juste une chose dont on n’a pas parlé et qui me semble importante. En matière d’ESG nous sommes en train de travailler sur un modèle qui va intégrer la notion de Climat et de température de portefeuille en plus de la gestion des risques, donc c’est quelque chose qui me tient beaucoup à cœur. 

SN : Mais comment ça ? C’est à dire concrètement ? Tu dois nous expliquer plus en détails ! 

AG : Concrètement, l’idée c’est de dire on peut aujourd’hui calculer la température d’un portefeuille, donc dire quel est l’impact climatique qu’il a et travailler vers sa diminution dans le temps et donc nous sommes en train de travailler sur la création d’un fonds de place qui va permettre de faire ça. 

SN : Très intéressant ! Et vous avez déjà un acteur, un prospect dans le pipe, un client ?

AG : Alors nous cherchons activement un bel asset manager pour lancer un partenariat là-dessus !  

SN : Super ! Merci beaucoup Adina, à bientôt !

AG : Merci Solenne, à bientôt !