Lors d’une interview menée par l’éditeur financier Citywire, la Présidente et fondatrice d’Active Asset Allocation, Adina Grigoriu, revient sur l’intérêt de l’intelligence artificielle dans l’allocation d’actifs, le développement de la gestion pilotée, ainsi que la digitalisation croissante de l’industrie de l’épargne. Dans cet article, nous récapitulons les points clés de cette discussion.

 

Active Asset Allocation, d’ingénieurs financiers à experts en solutions digitales

Pour commencer la discussion, Adina revient sur les différentes facettes de l’activité de l’entreprise, de l’allocation d’actifs à la mise en avant des dernières innovations d’AAA.

AAA est une entreprise d’ingénierie financière qui célèbre bientôt ses 14 ans d’existence. Nous avons fait notre entrée sur le marché de l’épargne en offrant des algorithmes quantitatifs aux institutions, et depuis, nous conseillons un portefeuille d’environ 22 milliards d’encours institutionnels. En parallèle, en 2017, nous avons pris l’initiative de consolider notre expertise d’ingénieurs financiers dans une plateforme digitale cloud : la place de marché digitale de l’épargne, Coanda.

 

Cette plateforme est destinée à l’ensemble du marché de l’épargne, incluant les compagnies d’assurance, les sociétés de gestion et les réseaux de distribution, en fournissant un environnement propice aux échanges.

 

Elle propose des outils de gestion de portefeuille, de reporting automatisé, de gestion des PRIIPS, ainsi qu’un échange sécurisé d’informations entre les différents acteurs.

 

Plus récemment, nous avons redoublé d’efforts dans le domaine de la gestion pilotée à horizon. Nous avons développé un outil permettant à tous les intervenants dans les plans d’épargne retraite (PER) de suivre les performances, de générer des rapports personnalisés et automatisés, et d’améliorer la transparence pour les utilisateurs : Coanda PMS Horizon.

 

 

La conversation se poursuit en abordant l’intégration de l’intelligence artificielle dans nos solutions technologiques : depuis quand et à quel niveau cette intégration a-t-elle été réalisée ?

Notre intégration de l’intelligence artificielle (IA) remonte à 2017, où nous avons commencé à incorporer diverses méthodes telles que les algorithmes génétiques, l’apprentissage supervisé et l’analyse de sentiments dans nos solutions. Ces avancées ont considérablement renforcé notre capacité à mener des simulations stochastiques sur le comportement des classes d’actifs, tout en optimisant simultanément les portefeuilles à travers une multitude d’actifs.

 

Actuellement, nous concentrons nos efforts sur un programme de recherche en analyse de sentiment. Notre objectif est de fournir aux gestionnaires d’actifs un tableau de bord leur permettant de mieux appréhender les facteurs de risque actuels, afin de prendre des décisions éclairées. Cette démarche implique un examen minutieux d’un large éventail de publications, à partir desquelles nous identifions les facteurs pertinents tels que les taux d’intérêt, les conditions du marché, le chômage, ou encore les tensions géopolitiques.

En analysant ces données, nous sommes en mesure de dégager les tendances et les sentiments associés à ces thèmes, et d’évaluer leur corrélation avec les marchés financiers, y compris le VIX*.

 

*VIX : indicateur de volatilité du marché financier américain.

 

La Digitalisation du Marché de l’Épargne

L’interview se poursuit en abordant la transition progressive vers la digitalisation du marché traditionnel de l’épargne en France et en identifiant les domaines qui pourraient bénéficier d’une plus grande transformation numérique.

Nous avons constaté un engouement significatif pour les aspects orientés vers le client, tels que le KYC*, le profilage de risque, ou encore la construction de portefeuilles. Cependant, il reste encore beaucoup à faire, notamment en ce qui concerne le transactionnel du côté des réseaux de distribution. Parallèlement, le back-office demeure moins avancé dans sa digitalisation.

 

Par exemple, sur Coanda, nous avons identifié le besoin de faciliter les échanges entre les assureurs, les sociétés de gestion et les réseaux de distribution concernant la gestion pilotée. Auparavant, le processus impliquait souvent l’utilisation de fichiers Excel pour créer des allocations, suivies d’une saisie manuelle dans les systèmes de l’assureur. Cette approche entraînait un manque de visibilité sur la performance pour l’assureur et un manque de transparence pour le distributeur.

 

Grâce à notre plateforme digitale Coanda, nous avons automatisé et sécurisé ces échanges, simplifiant ainsi le processus en quelques clics. Une conséquence positive de cette démarche est la création d’un observatoire similaire à un Morningstar de la gestion pilotée, baptisé l’Observatoire de la Gestion Pilotée. Auparavant, la comparaison des performances de gestion pilotée nécessitait des recherches complexes et souvent peu standardisées. Désormais, notre plateforme offre la possibilité de comparer ces performances de manière transparente et standardisée. Avec environ 400 profils de gestion pilotée disponibles, représentant environ 40 % du marché, les utilisateurs peuvent désormais évaluer et comparer leurs performances avec celles de leurs pairs en toute simplicité.

 

*KYC : consiste à vérifier l’identité et l’intégrité des clients d’une entreprise.

 

Pour conclure cet échange, Adina met en lumière les objectifs ambitieux d’AAA pour Coanda, la place de marché digitale de l’épargne, exprimant le souhait de couvrir à terme l’intégralité du marché de la gestion pilotée.

L’objectif est de réaliser cette couverture de manière aussi rapide que possible, tout en étant conscient de la nécessité pour les assureurs de s’adapter à cette évolution. Cependant, nous observons une motivation croissante dans ce sens, notamment avec l’émergence du concept d’Open Insurance. Dans ce contexte, il s’agit de mettre à disposition les informations disponibles sur ces systèmes via des API, afin de les rendre accessibles à ceux qui en ont besoin.

 

Nous sommes donc résolument engagés dans cette dynamique, d’autant plus que la gestion pilotée connaît un regain d’intérêt, notamment avec l’avènement des lois PACTE et Industrie Verte. C’est un moment propice pour propulser cette initiative. Bien que la gestion pilotée ne soit pas encore pleinement développée, elle est destinée à l’être, sous l’effet de la pression réglementaire et de la demande croissante des assureurs en matière de devoir de conseil. Il est dans l’intérêt de tous que la gestion pilotée devienne de plus en plus utilisée, à condition bien sûr de garantir une transparence totale sur ses performances, et c’est précisément ce à quoi nous nous employons.

 

 

Découvrez l’intégralité de l’interview vidéo sur le site de Citywire : Adina Grigoriu (AAA) : « La transparence de la gestion pilotée est un enjeu majeur »